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Chronique du Lundi – 1ère édition de l’université d’été des PME (UEPME) : Faire du développement des PME la priorité n° 1 des pouvoirs publics dans le contexte post-Covid

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Category:  UEPME 2022
Date:  May 30 2022
Lieu:  PALM CLUB HOTEL ABIDJAN

L’Après-Covid doit conduire le gouvernement ivoirien, au-delà des nécessaires mesures de soutien à l’économie, à amplifier et consolider ce qui avait été mis en œuvre, dès 2012, avec le CEPICI. Placé sous l’autorité et la tutelle du Président de la République, le CEPICI (Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire), un établissement public à caractère administratif, Guichet Unique de l’investissement en Côte d’Ivoire, interface entre l’Etat et les investisseurs nationaux ou étrangers, avait permis de réaliser des progrès significatifs dans l’accompagnement à la création d’entreprises privées. Dix ans après, on s’aperçoit que les résultats restent insuffisants.

"L’Université saisonnière des PME et son collectif d’experts organise du 2 au 4 juin 2022, au Palm Club Hôtel à Abidjan, la 1ère édition de l’Université d’été des PME consacrée au thème suivant : « Stratégie et amélioration de la performance des PME dans un contexte post Covid ». Je voudrais profiter de cette première édition de l’UEPME pour élargir la réflexion à la nécessité et l’urgence, pour la Côte d’Ivoire, de créer ce réseau dense de PME que le collectif des experts de l’UEPME appelle de ses vœux.

Il manque toujours entre les grandes entreprises publiques ou privées et l’économie informelle ce réseau dense de PME qui permettrait la création d’emplois et de richesses dans la chaîne des valeurs nationales ou mondialisées. Un écosystème ivoirien des PME plus efficient favoriserait la diversification de l’économie, garantirait plus de sécurité et de souveraineté dans des secteurs stratégiques et assurerait une meilleure cohésion sociale. Directeur général de l’ARRE (Autorité de Régulation du système de Récépissés d’Entreposage), le professeur Justin Koffi N’Goran considère, à juste titre, que « l’avenir de la Côte d’Ivoire passe par la création d’un réseau dense de pme et la naissance de champions nationaux. »

Le Professeur Justin Koffi N’Goran, qui inscrit son action à la tête de l’ARRE dans la volonté du gouvernement ivoirien de transformer localement 50 % de la production de noix de cajou contre 10 % en 2019, précise : « l’objectif est d’accroître la compétitivité de la filière de l’anacarde par la construction d’unités industrielles de transformation, le renforcement des capacités de stockages, la création d’un dispositif de traçabilité et de contrôle qualité, la mise à niveau des infrastructures adéquates. » On voit tout ce qui résulte en termes de création d’emplois, élévation des qualifications professionnelles et amélioration du niveau de vie des producteurs locaux.

Pour rappel, la filière anacarde occupe environ 400 000 producteurs. Mais, si elle représente, pour la Côte d’Ivoire, la 3ème source de devises du secteur agricole derrière le cacao et le caoutchouc naturel, cette filière reste un système d’extraction et d’exportation de la matière première agricole brute qui ne redistribue aux différents acteurs locaux qu’une infime part de la richesse que recèle ce produit. La transformation locale doit permettre des opportunités de création d’entreprises sur toute la chaîne de création des valeurs et de meilleurs revenus pour les différents acteurs de la filière. Avec l’apparition de la Covid-19, plus de neuf milliards Fcfa viennent été octroyés aux industriels du secteur pour soutenir la transformation.

L’Après-Covid doit conduire à la transformation des vieux modèles de développement

Or, l’écosystème des PME ivoiriennes n’est pas suffisamment développé, il n’est ni cohérent, ni solide économiquement. Les PME représentent jusqu’à 90% des sociétés privées, mais 80% d’entre elles sont des micros ou très petites entreprises. Elles ne représentent que 20% du PIB de Côte d’Ivoire contre 60 % dans les pays développés et elles ont une très faible capacité d’évolution pour des raisons largement documentées (climat des affaires, difficultés de financement, conditions matérielles). Le commerce intra africain.

Faire du développement des PME la priorité N° 1 des pouvoirs publics, des institutions financières et des bailleurs de fonds

Pour le collectif d’experts de l’Université saisonnière des PME, l’objectif de résilience qui permet de maintenir des PME à flot et de préserver des emplois pendant la pandémie de la Covid 19 et dans l’Après-Covid relève d’une urgence qui ne doit pas occulter l’objectif essentiel qui est de faire du développement des PME et création de champions nationaux la priorité N°1 des pouvoirs publics, des institutions financières et des bailleurs de fonds.

Lors du Conseil des Ministres du mercredi 7 Avril 2021, s’adressant aux membres du nouveau Gouvernement, le Président de la République, Alassane Ouattara fait de la création d’emplois l’une de ses priorités. Confronté à une urgence sociale et sécuritaire, le gouvernement sait qu’il doit tout faire pour créer des emplois en favorisant le développement du secteur privé. La forte croissance des années 2011-2019 s’explique par l’importance des investissements publics. Se projeter dans l’avenir, c’est mettre le secteur privé au centre l’action gouvernementale et économique et développer l’entrepreneuriat national.

S’exprimant devant l’Institut Ivoirien de l’Entreprise (INIE), Emmanuel Esmel Essis, alors qu’il était Secrétaire d’Etat chargé de la promotion de l’investissement privé avait déclaré : « le gouvernement ivoirien a mis le secteur privé au centre de son action gouvernementale et économique. Ainsi, le secteur privé devient le “drive” de tout ce qui se conquiert comme performance économique ». On peut supposer que cette feuille de route sera celle de l’actuel Ministre du Commerce et de l’Industrie et de la Promotion des PME, M. Souleymane Diarassouba.

En choisissant de fusionner en un seul ministère celui du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, le Premier ministre, Patrick Achi, confie à M. Souleymane Diarrassouba un important ministère en charge des dossiers de la Promotion des PME, de l’Artisanat, de la Promotion de l’investissement et du Développement du secteur privé. L’UEPME, qui souhaite que la première édition de son Université d’été consacrée au PME soit l’occasion de passer de la réflexion à l’action, se félicite de la nomination de Mr Souleymane Diarassouba, un homme d’expérience qui a toujours su mettre en œuvre, dans les postes qu’il a occupés, les synergies entre l’Etat et le secteur privé.

Christian Gambotti Agrégé de l’Université – Président du think tank Afrique & Partage – Directeur général de l’Université de l’Atlantique Contact : cg@afriquepartage.org